Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

EE LE AT NT

28 GENTILSHOMMES DÉMOCRATES

giments et passé la frontière. Le Gomité militaire propose de les déclarer « déserteurs, transuges et justiciables des cours martiales ». — Noailles appuie la motion, car, dit le rapporteur, « la décision a été unanime (1) ».

Enfin, le 5 septembre 1791, vingt-cinq jours avant la séparation des États généraux, Noailles, de plus en plus inquiet, expose la situation militaire dela France et de l'Europe dans les moindres détails. Son appel à la prévoyance de l’Assemblée, à la fierté de la patrie, est vibrant de colère :

Nous avons besoin de nous occuper sérieusement des conjurations qui se trament au dehors contre la liberté. Il est clair que c’est pour nous forcer de plier sous Le joug du despotisme qu’on rassemble destroupes et que l’on ferme tous les débouchés de la France. Des bruits sourds de médiation se répandent ; avec qui donc aurions-nous à entrer en médiation ? La nalion est-elle divisée en deux partis ? Réside-t-elle dans quelques individus qui promènent leur mécontentement au dehors du royaume? Une nation puissante a-t-elle donc besoin de médiateurs étrangers pour faire ses propres lois ? Que deviendrait sa force, sadignité, son rang, quand des puissances étrangères auraientaffaibli notre volonté législalive?... Ou il faat avoir abdiqué toute maxime de la saine politique, ou la seule proposition d’entrer en négociation sur nos lois doit nous faire courir aux armes. Non, les Français ne recevront d’autres lois que d'eux-mêmes ; ils ne seront pas devenus des hommes libres pour s’avilir, ils n'auront pas invoqué les lumières de la philosophie; ils n’auront pas appelé au milieu d'eux le règne de la raison pour écouter le langage des préjugés et de l'ignorance.

(1) Moniteur universel du 25 juillet.