Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 29

Puis il examine l’état de l’armée :

Une armée n'existe que par la plus parfaite intelligence entre foules ses parties... Or cette armée, nous ne l'avons pas encore...laplupart de nos officiers ont abandonné leurs drapeaux, les remplacements ne s’exécutent pas; et si c’est la faute des décrets rendus, personne ‘n’en instruit l’Assemblée... L'armée doit être composée de 203.000 hommes, elle ne l’est que de 149.000... La longueur des engagements de huit années, utile en des temps ordinaires, n’est plus nécessaire. Lorsqu'il s’agitde repousser des dangers pressants, on engage pour un an, pour deux ans; la guerre d'Amérique nous en offre l'exemple. Pourquoi ces forces ne sont-elles pas déjà sur nos frontières? Pourquoi les citoyens qui les habitent craignent-ils chaque jour de se voir abandonnés ?

Et Noaiïlles, concluant en soldat, demande que le Comité militaire cesse de bavarder et « passe la main au ministre de la guerre réuni sur un point de la frontière avec les deux seuls généraux chargés d’un grand commanuement, Rochambeau et Luckner, ainsi qu'avec les chefs du génie et de l'artillerie, afin d’arrêter un plan d'opérations pour la défense de l'empire».

Chemin faisant il a donné à Louis XVI, qu'il respecte, mais de l'entourage duquel il se défie, ce prophétique avertissement :

Il n’y a pas un homme de bon sens qui ne prédise au roi les plus accablantes infortunes pour lui et ses descendants, s’il ne s’applique pas sérieusement à consolider la Révolution. — Les lois feront raison des ennemis intérieurs, mais c'est au parli que le roi prendra contre ceux du dehors qu'on jugera de ses intentions (1).

{) Voir le Moniteur universel du 6 septembre 1791.