Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTÉ DE NOAIÏLLES el

Mais rien chez lui du dénonciateur ; il ne s'attaque pas aux tendances; il ne s'en prend qu'aux actes. Jamais il n’eût consenti à faire partie de ce « comité des recherches » qui fonctionna pendant les 26 mois de durée des États généraux, triste embryon du futur Comité de salut public.

Toutefois, son sens gouvernemental, si clairvoyant aux débuts de la Révolution, ne tarda pas à s’obscurcir. Et comment en eût-il été autrement pendant cette étrange année 1790, où la France entière marche la tête en bas et les jambes en l’air, où l’incendie, le meurtre sont la monnaie courante d’un peuple moins affranchi que grisé, où la révolte s’appelle « le plus saint des devoirs », où l'on détruit pour détruire, où les députés s’acharnent sur leurs propres noms, où Mirabeau devient Riquetti, Montlozier Raynaud, d'Espréménil Duval, etc. (1) ?

En face de la sarabande que la France danse sur les propriétés royales et privées, sur les vieux principes monarchiques, sur la société vermoulue du xvur siècle, il faut une philosophie mille fois raisonnée et une extraordinaire intuition du temps à venir pour demeurer à la fois un libéral fidèle à la liberté ct un homme d'ordre prévoyant; la Révolution ne procède pas par théories, elle procède par attaques à main armée. Le vicomte de Noailles voulut être ce libéral et cet homme d'ordre; s’il réussit toujours à

(1) Décret du 20 janvier 1790.