Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 33

Certes, l’intention est louable; mais l’Assemblée a décrété que le régiment changerait de garnison. Et il faut que Barnave rappelle à son collègue que « la paix publique serait troublée par les incroyables, par les inexplicables propositions qu'il a faites (1) ». /ncroyables, inexplicables propositions étaient des qualificatifs sonnant mal à des oreilles susceptibles. Noailles n'avait pas froid aux yeux; il provoqua Barnave. Le duel eut lieu au pistolet. Barnave tira le premier et manqua son adversaire. Noailles refusa de profiter de son avantage, il dirigeason coup en l'air, montrant ainsi la générosité de son âme. Il avait été l’un des inventeurs du duel parlementaire.

Noaillesn’en continua pasmoins, aussi bien d’ailleurs queBarnave, à parlementer avec les militaires. Les applaudissements qu’il donne au régiment « de la couronne » représenté à la barre de l’Assemblée par une députation de sous-officiers, de caporaux, d’appointés, de grenadiers, de chasseurs et de fusiliers (2) », laquelle jure de mourir pour la défense de la Constitution, sont aussi choquants que les félicitations adressées par lui à la municipalité de Courbevoie pour avoir arrêté que tout particulier pénétrant dans une caserne et y distribuant des imprimés sera déféré au Châtelet. Un soldat est un soldat, et les régiments ont des colonels; de même, les casernes ont des commandants. Il est à remarquer que, dans tout Français

-(1) Séance du 43 août 1790. (2) Séance du mardi 7 septembre 1790.