Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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ce que j'avais prévu, j'ai pensé qu'il valait mieux la suivre que de s’en laisser écraser (1).

Sa vie politique est toute entière dans cet aveu. Un parti, une caste, ont-ils avantage à se réfugier sur un pic par horreur des hommes, loin du bruit et du choc des idées? La noblesse française a essayé depuis cinquante ans de ce système : où l’a-t-il conduite? Au cimetière. Noailles entendait marcher avec son pays; faut-il le lui reprocher? Le prince Auguste d'Arenberg, son ami (2), s’effrayait en 1791 de ce qu’il appelait «ses torts et ses erreurs (3),» Noailles lui répondit:

Je crois que lorsqu'on se mèle des affaires publiques dans une grande révolution, il faut commencer par y mettre la tête, et que le corps suit quand il peut. Ton opinion est différente, tu ne telivres jamais (4).

L'événement a pu donner tort au gentilhomme démocrate; cent ans après, celui-ci prend sa revanche; Les autres sont partout, nous ne sommes nulle part!.…

Noailles avait un parti pris raisonné « d'action publique ». Aussi bien possédait-il non seulement l’intuition de la démocratie, mais encore sa notion. Du fond

(1) Mémoires de Tilly, chap. xx, p. 298.

(2) Plus connu sous le nom de comte de La Marck... Après avoir été nommé, à Bruxelles, membre correspondant de la Constituante, il s’était lié étroitement avec Mirabeau, qu'il tenta de ramener au parti royaliste.

(3) Note du prince d’Arenberg, de septembre 1791. (Communiquée.) (4) Lettre du vicomte de Noaïlles au prince Auguste d’Arenberg (7 septembre 1794). (Communiquée.)