Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 43

de l'Amérique, où il est réfugié, six ans après ses luttes parlementaires, en plein gàchis « directorial » il écrit à M. Grelé, le précepteur de ses enfants, qu'il ait à préparer ses fils à la pratique de l’éloquence :

L’éloquence est l'arme la plus forte dont on puisse faire usage dans un gouvernement représentatif (1).

Noailles entrevoit que le xix' siècle sera le siècle des bavards!

Ceci dit, il est clair qu’il eut une fausse intuition de la pratique du bon ordre. C’est le reproche le plus grave qu’il faille adresser à sa politique. Lui, soldat, consent à ce que la police de la rue, à ce que la garde du trône ne soientpoint confiées à des soldats! Lui qui s’institue réformateur de nos institutions militaires, qui veille si particulièrement à la protection du trou pier (2), à celle desveuves et des fils de braves tués à l'ennemi (3), qui fait décréter l'égalité pour les grades (4), qui est un modèle de discipline pour lui-même et qui en toute occasion proclame celle-ci indispensable pour les autres, il croit au soldat-citoyen, au garde national, défenseur de la constitution, de la loi et au besoin de la frontière (5) ! Il est bien véritablement de son époque. Le bourgeois du tiers état a déteint sur le gentilhomme d’épée… De très bonne foi, il est per-

(4) Noailles au citoyen Grelé. Philadelphie, 20 février 1797. (Communiquée.)

(2) Séance du 9 juillet 1790.

13) Séance du 31 juillet 1790.

(4) Séance du Le juillet 1791.

(5) Séances des 22 juillet et 4 avril 1791.