Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Nous nous sommes rappelé les services que la Révolution t'a rendus, nous avons réservé toute notre haine pour les scélérats qui l’ont déshonorée (1).

En avril 4793, le vicomte de Noailles se décida à passer en Amérique ; il fallait vivre. Déja l’Amérique était le pays des enrichissements faciles. Derrière lui il laissait sa femme. Celle-ci était demeurée à Paris auprès de la maréchale de Noailles, sa grand'mère, et de la duchessse d’Ayen, sa mère, prisonnières dans leur bôtel. Aussi bien il ne paraît pas que le vicomte ait éprouvé une grande contrariété de cette séparation définitive. — Les hommes de son tempérament ne sont pas faits pour les joies intimes. Ils n’y ont pas de goût et ils ignorent la façon de les rendre à celles qui les leur offrent.

Pauvre abandonnée! Elle souffrait d'autant plus que son caractère était tout autre. « Son charme consistait dans la sensibilité de son cœur (2). »

En juillet 1794, elle monte à l’échafaud : « Elle est en blancet paraît âgée de 24 ans au plus.» Son mari est à Philadelphie ; il y a retrouvé d’anciens compagnons d'armes et de belles amies. — [1 cherche à oublier et il oublie... Sa patrie est devenue la proie des bandits !.…

Mais si Noailles est au-dessus des regrets et des larmes de l'époux, il n’est pas au-dessus des succès à venir de ses fils. Il en a deux ; les pauvres petits sont

(1) Les Girondins, par Guaner, p. 335 (2) Mve de Montagu, p, 148.