Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 49

imposée ; quelque charmante qu'elle fût, ses charmes ont disparu sous la pression paternelle. Et comme s’il avait prévu l’anémie physique et morale qui menace la société aristocratique à laquelle il appartient :

Si mes fils suivent mes errements, ce sera plutôt dans ce : pays que dans tout autre qu’ils choisiront des compagnes ; les femmes y sont belles, vertueuses, spirituelles, bien élevées, bonnes mères, généreuses sans prodigalité, occupées de leur ménage. Elles y ont une religion vraiment fervente et sans ostentation. De {outes ies sectes, la nôtre est peut-être la plus réservée!

Noailles, qui a voté la constitution civile du clergé, qui qualifie du mot peu révérencieux de « secte » le catholicisme dont il relève, a compris que la religion est une force, et qu'aux individus comme aux nations | elle est plus secourable que la « religiosité ». Il veut aviver sarace avec du sang jeune, peut-être aussi veutil la sauver de la pauvreté. Il invente « l’héritière américaine », c’est-à-dire une des formes les plus sensibles de la &« modernité ». Mais que ces mélanges de sang aient lieu le plus tard possible!

Je vous ouvre librement ma pensée, pour que si l’on avait la folie de concevoir même dans le plus grand éloignement quelque établissement, vous y opposassiez fous mes droits, bien sûr que, quel que puisse être cet établissement, je n’y donnerai pas mon consentement (1).

L'amour de la patrie, cet amour encore mal connu

(1) Noaïlles à M. Grelé (Philadelphie, 24 octobre 1799). (Com muniquée.)