Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

A el Ent ern

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violence qui brisa l'avant du brick. Noailles s'élança avec une trantaine de grenadiers et une escouade de matelots sur le pont ennemi où s’engagea un combat terrible. Les Anglais, culbutés d’abord, se reformèrent sur l'arrière où presque toute La garnison s’élait réunie à l'état-major. Mais attaqués à la baïonnelte par nos soldats, ils essayèrent vainement de résister au choc terrible. Culbutés fde nouveau, ils cessèrent une défense sans espoir et se ren-

dirent (1).

Pareils héroïsmes se passent de commentaires. [ls permettent deremarquer toutefois que la recherche de la gloire augmente souvent le stock de l'honneur et que rarement en tous cas elle le diminue.

Le lendemain, Noailles, monté sur la corvette à la corne de laquelle le pavillon de Saint-Georges renversé était dominé par le drapeau tricolore (celui-là même dont, député aux États généraux, il avait décrété les couleurs), entrait dans le port de la Havane. Il était cou vert de blessures...

Quelques jours plus tard, les grenadiers suivaient au champ du repos la dépouille glorieuse de leur chef! A leur drapeau ils avaient attachéson cœur. Ce cœur avait battu pour la France; la France lui devait au moins un tombeau. Rentrant dans leur patrie, les soldats le portaient encore à leur bannière. Il fut déposé dans la chapelle du château de Noailles, où ceux de sa race le conservent commeune relique et comme un enseignement.

(1) Extrait des Archives de la marine française. (Documents officiels, 1803.) Bibliothèque du ministère.