Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE VICOMTE DE NOAILLES 57

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Un fils de nobles qui a vécu et quiest mort de la sorte est-il un ambitieux de mauvais aloi?

Derrière lui il avait une lignée d’ancètres illustres ; il a tenu à ne pas laisser tomber l'édifice élevé par eux. Il a aimé la gloire; faut-il donc la détester pour réaliser des actions d'éclat? Un jour il avait écrit à son jeune fils : « J'aime à vous voir lutter avec la difficulté et à vous trouver conquérant dès vos plus tendres années (1). » C’est que l'ambition des grandes choses grandit un homme, tandis que les ambitions mesquines le diminuent. Quand quelques contemporains haineux auront dit « qu'il ne partit jamais de France ou d'aucun pays, qu'il ne fit mettre dans les gazettes, le jour et presque l'heure de son départ (2), » auront-ils prouvé que Noailles visait uniquement à faire parler de lui? Comme si l'ambition mème la “mieux placée n'avait pas, ainsi que toutes les choses humaines, ses méthodes et ses obligations! D’autres ont proclamé qu’il ne s'était fait démocrate que pour éclipser Lafayette, son beau-frère. « [l en était jaloux, dit Tilly, comme s’il l’eût estimé (3). » Étrange façon de faire oublier un homme que de se mettre à sa remorque! Un citoyen qui a bénévolement immolé à (1) Noailles à son fils Alfred, 13 septembre 1801. (Communi-

quée.) (2) Mémoires de Tilly, t. I, chap. x, p. 299.

(3) Jbid.