Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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potiches de Chine : « Ah! les beaux pots! » s’écrie-telle. — La duchesse se contente de sourire! Et nous sommes en plein xvu° siècle, au siècle des Précieuses et des talons-rouges!

Dans cette société, la bourse du jeune duc devient un point de mire. — Qu'importe? Les grands ne sontils pas faits pour aider les petits? et il apprend à en délier galamment les cordons. — Un jour, Condorcet réclame de sa munificence un prêt d'argent. CharlesAlexandre s'engage à lui compter dix mille livres au bout} de six mois; dans l'intervalle brouille entre le seigneur et le philosophe. Le jour de l'échéance : arrive. Pour que l’on ne sache pas son ancien ami dans la détressse, la Rochefoucauld lui porte lui-même l’argent en secret. — Condorcet le reçoit debout, lui dit d'étaler les dix mille livres, les trouve exactes, et ajoute : «C’est bien, vous pouvez vous retirer (1). » L'amour de la démocratie a des bornes; le créancier et le débiteur ne se revirent jamais.

Voir, comparer, s'entendre juger pardes spectateurs désintéressés, se regarder soi-même à distance, constitue une optique extrêmement sûre à l’usage des futurs hommes d'état. La duchesse d'Enville le savait; elle poussa son fils à voyager.

Aussi bien, la guerre de Sept ans touche à sa Ne Les jeunes nobles achètent encore des régiments ; Louis-Alexandre est colonel de celui de la Sarre. Mais sauf les quelques mille hommes envoyés aux États-Unis en 1788, les Français ne se battront plus de longtemps

(1) Anecdotes de famille. (Communiqué.)