Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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attache pas beaucoup d'importance, car l’état de l'Europe me paraît semblable à ce qu’il était antérieurement à la grande alliance et, s’il en est ainsi vous n'aurez qu’une trève armée, dont la durée dépend des événements contingents ; à moins que les commotions intérieures de la France ne donnent aux nations qui l’avoisinent une sécurité que ne pourraient leur assurer leurs armes ‘. Quand on se trouve au parterre, il faut atlèndre le dénouement de la pièce, quelque mauvaise qu’elle soit. Ainsi quoique en roule pour mon foyer je resle encore quelques jours. Sans des incidents dénués d'importance qui ne valent pas la peine de les mentionner, à cette heure je serais en Amé-

rique. Je pense que le plus sage est de partir sans passer par l’Angleterre, parce que je quitterai cet hémisphère avec moins de résistance que si je vous avais devant les yeux au moment de mon départ. Cependant quelque chose me dit que je vous reverrai et cette idée est si charmante que je ne puis trouver dans mon cœur la force de l’en chasser. Ne serait-ce pas comique, si, dans la mélée du temps et des hasards, nous nous retrouvions à Paris sous les auspices du bonnel rouge? »

Morris a de plus des appréciations sur l’action du Directoire au dehors qui sont, non des critiques, mais des éloges. Le 26 juillet 1796, à Berlin: « Le comte d’Anadia et le chevalier de Borghese déjeunent avec moi. Ce dernier me dit que les Français en Italie sont occupés à leur ancienne besogne de détruire la noblesse. Peut-être quelques personnes indemnes jusqu'ici vont-elles se réveiller, mais le sommeil paraît encore profond. Après qu'ils sont partis, je rends visite à lord Elgin et nous causons amplement de l’état présent des affaires. Il considère le Cabinet prussien comme étant complètement dans les mains de la France, et, de plus, à raison du caractère personnel du roi, comme trop faible pour entreprendre et poursuivre aucun grand projet en politique. » Le soir du même jour: « Je vais prendre Mme de Nadaïllac, pour diner

1. La partie imprimée en italiques est en français dans le texte, le resle de la lettre étant en anglais.

2. T. IT, p. 296.