Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française
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la bataille d’Austerlitz, et mêmeles victoires qui l'avaient précédée et conduit Napoléon à Vienne. Dans une lettre à ses banquiers de Londres MM. Englis et Éllice, datée du 3 janvier 1806, Morris dit encore : « Ce n’est que par l'activité que Bonaparte peut éviter d’être écrasé par le poids des Alliés, si, comme je l’admets, la Prusse, le Danemark, la Saxe et la Hesse-Cassel lui sont opposés à la fois. Cette lutte doit avoir pour résultat de diminuer le pouvoir de la France ou de mettre pour un certain temps le monde à sa merci. » Même il écrit le 19 mars suivant à Parish: « Nous n'avons pas d'informations suffisantes pour juger l'état des choses actuel ou probable en Europe ; mais il semblerait que la puissance de l'Autriche git abattue aux pieds de la France. S'il en est ainsi Napoléon ne consultera que son propre intérêt ?. » Quoï qu'il en soit, voici les points essentiels de la consultation donnée au duc d'Orléans.
Morris « n’a jamais perdu de vue ses intérêts et ceux de son auguste famille », il déplore leurs malheurs, « qui n'éloient point inattendus, mais que j'avois prédits il y à quinze ans ». Son point de départ, est que « les grandes puissances n’ont aucune envie de remettre sur le trône la maison royale de France »; et il le démontre en prenant successivement l'Autriche, la Prusse, l'Angleterre, la Russie. Il croit donc que « dans les circonstances actuelles, on ne doit pas espérer le rétablissement de la famille royale en France... » Alors que feront les Alliés s’ils sont victorieux? « On cherche d’abord à diminuer la force d’un conquérant redoutable — but d'ordre général provenant d’un intérêt aussi général. » Et il indique encore ce que chacun prendra. . Mais il peut y avoir aussi la part du roi de France : ce serait un royaume en Îtalie, avant qu'il püt reconquérir celui de ses ancêtres : « Dans tout état de choses » les Alliés seront d’accord pour prendre à Bonaparte ses possessions en Îtalie; et voilà, je crois, ce qu'il faut demander pour le roi de France, en y comprenant la Savoie. Les Alliés, à l'exception de l'Empereur, doivent le désirer, puisqu'on s’assurera parce moyen
1. Te I, p. 481. — 2. T, I, p. 484.