Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE 359

des probabilités que les événements, dont, ils seront simplement les témoins solennels, les fassent sortir glorieusement de la lutte, et placent leur pays au premier rang des nations. L'Angleterre, en continuant la guerre, peut briser le pouvoir de la France: car même si le Premier Consul réussit à passer avec cinquante mille hommes, sa situation sera périlleuse. Pendant qu'il sera engagé en Angleterre; les affaires sur le continent peuvent prendre une mauvaise tournure. S'il réussit, les grandes puissances de l'Europe peuvent s’apercevoir qu’elles doivent immédiatement attaquer la France, pour assurer leur propre indépendance: et s'il a des revers, elles peuvent tomber sur lui d’un commun accord pour se partager ses dépouilles. » Il est vrai que voici à la suite des détails moins heureux. « S'il échoue dans sa tentative de débarquement, cela peut lui coûter quelques-unes de ses meilleures troupes et, chez un peuple aussi prime-sautier que la France, cela peut être le signal de la révolte chez celles qui restent; s'il abandonne le projet d’envahir l’Angleterre, sa réputation, qui est tout pour les hommes dans sa situation, sera matéricllement atteinte. Quant à conquérir dix millions d'hommes déterminés à conserver leur liberté et leur indépendance, cela est tout à fait hors de question, dès qu'ils ne sont pas mal gouvernés. » Dans ces derniers mots on entrevoit, par une transposition, la future résistance du peuple espagnol. Morris, on l’a vu?, avait en Allemagne aidé le duc d'Orléans, le futur Louis-Philippe, de son crédit et de sa bourse. De là une créance à son profit que le duc d'Orléans manifesta l'intention d'éteindre à la fin de l’année 1809. Les relations qui reprirent alors entre eux amentrent le due à demander à l'homme d'État une véritable consultation sur les moyens de restaurer la maison de France. Morris la donna en eflet, dans une lettre qui serait, d’après l'éditeur, du commencement de janvier 1806. Elle fut certainement écrite à un moment où Morris croyait au triomphe de la coalition alors formée contre la France. Cela montrerait qu’au commencement de janvier 1806 on ne connaissait pas aux États-Unis

cs TT, D pehhe —=a> Ci-dessus, p. 82.