Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

TI10 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

liberté d'exercice aux prêtres catholiques non-constitutionnels, sans même exiger d’eux la promesse d'observer les lois de la République? Les Directeurs, étant de cet avis, firent des réserves ; mais le courant de la tolérance illimitée était si fort qu'il entraîna la majorité des deux conseils au delà des bornes de la prudence .politique. Ainsi, au conseil des Cinq-Cents, lorsque le député Dubruel fit une motion tendant à supprimer les lois draconiennes, portées depuis 1797 contre les prêtres insermentés et les citoyens qui leur donnaient asile, elle fut appuyée par un grand nombre de députés, notamment par Boissy d’Anglas. Il est vrai que le général Jourdan et Boulay de la Meurthe la combattirent au nom des principes de la liberté civile.

Cette délibération qui fut orageuse et ne dura pas moins de trois semaines (du 26 juin au 18 juillet 1797) fournit à un jeune député de la Marne, Royer-Collard, l’occasion de faire ses débuts à la tribune des Cinq-Cents. Il était issu d’une famille de Champagne, qui s'était fait connaître par sa fidélité aux traditions jansénistes. Dans la séance du 14 juillet 1797, Royer-Collard parla en ces termes : « Ici (en France) trois « religions à peine se partagent une population de 26 millions « d’âmes; dans ce partage excessivement inégal, la religion « catholique rallie sous ses antiques bannières les 7/8 de la « France, et elle a triomphé des attaques de la tyrannie révo« lutionnaire. Cette religion est la base de la morale popu« laire et est garantie par la Constitution, il serait inique « de la détruire. D'autre part on n’a plus à craindre qu’elle « opprime les autres sectes, ni la liberté négative du citoyen, « car les mœurs du siècle repoussent l'intolérance. Ce que « l’on vous demande pour cette Église, c’est la paix qui lui « à été ravie et une liberté réelle. Tout nous prescrit d'orga« miser la liberté des cultes dans le sens le plus étendu. »

En conséquence, Royer-Collard réclamait deux choses : qu'on rappelät les prêtres bannis et qu'on n’exigeât d'eux, pour les autoriser À exercer, aucune promesse contraire à leur foi. Il terminait par ces paroles : « Représentants du