Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE L'ÉDIT DE TOLÉRANCE JUSQU A LA CHUTE DE NAPOLÉON III

« peuple, c'est la justice que vous placerez entre les intérêts « discors et les passions rivales, car la tolérance est le plus « profond des artifices et la plus savante des combinaisons « politiques. Par elle, vous pacifierez le présent, vous con« jurerez l'avenir. Par elle, vous relèverez l’opprimé et vous « épouvanterez l’oppresseur. Aux cris féroces de la démago« gie invoquant l’audace, et encore l’audace, vous répondrez « par ce cri consolateur et vainqueur qui retentira dans toute « la France: la justice et puis la justice et encore la justice »!

Quelques semaines après, la loi Dubruel fut également votée par le conseil des Anciens sur le rapport de Thibaudeau (7 fructidor, 24 août). Les deux conseils s’étaient seulement réservé le droit d'imposer aux prêtres catholiques, qui voudraient en bénéficier, une formule de serment qui ménageñt leur conscience. Il semblait qu'avec le triomphe de la liberté des cultes, la France allait enfin voir cesser les troubles religieux qui la désolaient depuis novembre 1791.

Mais la majorité du Directoire (Barras, Rewbell, La Réveillère-Lépeaux), inquiète des nouvelles reçues pas l’entremise de Bonaparte sur les projets des émigrés, et craignant que les prêtres et royalistes à l’intérieur ne profitassent de la nouvelle loi pour renverser la République, fit le coup d'État du 18 fructidor, avec l’aide du général Augereau. Après avoir épuré violemment les deux assemblées, le gouvernement fit voter une nouvelle loi (19 fructidor, 4 sept. 1797) qui lui donnait des armes terribles contre les adversaires, et rapportait celle du 7 fructidor (art. 23). Cette loi aggravait la formule du serment imposé aux ecclésiastiques pour demeurer en France ; ils devaient jurer « haine à la royauté et à l’anarchie « et attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III ». Elle donnait au Directoire le droit de déporter par des arrêtés individuels tout prêtre qui troublerait la tranquillité publique.

Le Directoire reprit la persécution, notamment à propos du calendrier ; il incarcéra les prêtres en masse (entre autres 6000 prêtres belges, à la fois). Il fit tant et si bien que la