Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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violée ; une cruelle anarchie plaça dans l’allégorie du rituel, l'insulte et la menace.

La messe du roi était devenue pour tous les dévoués à la monarchie un rendez-vous solennel : là, les vœux s’unissaient dans la communauté de la prière; on faisait au monarque l'offrande mentale des sermens mis au pied de la croix. Un signe affectueux de la reine, un regard du roi, un sourire de madame Elisabeth récompensaient le zèle de la piété. Ce prisme fut brisé avec cruauté.

Après une de ces nuits où le tocsin sonnait les heures, où le roi et sa famille sortaient de leur couche pour écouter le pas de l’émeute, le monarque se rendit à la chapelle. La reine, ses enfans et la sœur de Louis XVI rendaient grâces à Dieu du salut d'un jour.

Le desservant, pénétré d’une profonde onction, élève l’hostie dans un élan solennel; tous les fronts s’abaissent sous la pression de la même ferveur. Les dangers de chaque jour accroissaient l'émotion de la prière. Un recueillement pénétrant remplissait le lieu saint; des larmes, des vœux, l'attitude morne de la famille royale, tout donnait à cette cérémonie l'aspect d’un service funèbre. Tout-à-coup les musiciens de la chapelle, mus par une impulsion barbare, entonnent avec une exaltation furieuse le verset Magnificat : « Deposuit potentes de sede. »

Cette hardiesse fit réfléchir... si dans l’action