Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

524 HISTOIRE

à repousser l'émeute par la force : voilà la marche des révolutions.

L’irrésolution du roi fit la hardiesse des factions (1).

Neuf centsSuisses gardaient les portes extérieures des Tuileries; lesautres compagnies étaient Casernées à Courbevoie. Les faubourgs et les Marseillais alignèrent encore une fois leurs piques. Les masques étaient tombés; l'anarchie marchait tête haute. Les colonnes populaires étaient conduites par Santerre et Westermann : une puissance motrice les dirigeait, cette puissance était connue, elle avait tout préparé; c'était la faction d'Orléans. Bientôt le Carrousel fut envahi et les canons furent pointés contre la demeure royale; elle ne renfermait plus qu’un captif. On attendait delarésistance, on ne trouva que de la résignation: Louis XVI en habit de cour, passa comme pour une simple parade dans les rangs de la garde nationale. Une épée dans la main du roi, un seul appel aux armes auraient sauvé la monarchie, auraient arrêté les flots du plus pur sang de la France! Une seule

(t) On rapporte que le député Pozzo-di-Borgo, en passant dans la rue de l'Échelle aw moment où des dispositions hostiles se manifestaient dans le peuple, apercut un jeune officier d'artillerie à la fe= nêtre d’un entresol ; il lui fit signe de descendre : — « Eh bien! que pensez-vous de ce qui se passe? »—« Ce soir on va attaquer le chäteau, » —« Croyez-vous que le peuple réussira ?» — « Je ne sais; mais ce que je puis affirmer, c’est que si l'on me confiait deux bataillons Suisses et cent hommes de cavalerie, je repousserais les in* surgés de manière à leur ôter pour toujours l'envie d'y revenir. » Cet officier était Napoléon Bonaparte.

s