Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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DE FRANCE.

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ame sentait avec énergie Le remède d'honneur que réclamait le danger ; la reine écoutait gronder l'émeute et disait : « Défendez-vous! sauvez « la France. »

Le conseil privé du roi était réuni autour de lui; la crainte, ou la trahison, dicta l'avis donné au monarque par Rœderer d'éviter aux siens et à lui-même une mort sanglante, en se plaçant avec sa famille sous la sauvegarde de l’Assemblée nationale. « Allons! » dit le roi enlevant une main vers le ciel, « donnons, puisqu'il le faut, encore « cette dernière marque de dévouement. » La reine s'opposa de tout son pouvoir à cette démarche. Le front haut, le cœur ému, elle s’adressa au syndic : « Le roi a mieux à faire; sa « longanimité encourage les factieux... Tenez, « sire, » ajouta-t-elle en présentant à Louis XVI un pistolet, « prenez ceci, allez combattre; Dieu « vousaidera!... » Mais au sein de cette royale famille, l'énergie n'était pas répartie à celui qui avait seul les moyens d'action. Rœderer, procureur-syndic de la commune, dirigeait et pressait le départ. La reine, pâle et les yeux pleins de larmes, s'écria : « Vous l’emportez, M. Rœderer. « le roi est perdu! »

Marie-Antoinette tenant par la main ses deux enfans, suivit en victime dévouée Louis XVI marchant à sa destinée. Une autre victime volontaire brillait aux yeux de Dieu, dansce cortége funèbre : madame Élisabeth, sœur du roi, avait lié sa vie