Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

DE FRANCE. 359

du vernis sur le sang. Les absens et ceux qui ne prenaient pas une part active au jugement, furent classés comme votant pour l'absolution.

La voix émue des défenseurs de Louis XVI, celle du monarque qui, à cette heure suprême , disait encore : « Le bonheur du peuple fat mon « seul désir ! » le bourdonnement des masses pressées dans l’enceinte révolutionnaire, tout se tut. Un profond silence régna entre le crime et l’éternité : puis un à un les régicides se levèrent et jetèrent dans l’urne béante un vote de mort.

L'essence du mal suinta de toutes les lèvres : l'anarchie à froid se montra sous toutes les formes ; le complot rejeta son masque ; chacun laissa voir son but et son point de départ. Quelques hommes qui avaient voulu le renversement d’une branche, sans croire qu’ils sapaient le trône, transigèrent avec l'avenir ; ils demandèrent le bannissement. D’autres, pour assurer un plastron à leur mémoire, proposèrent l'appel au peuple : aux sommités , l'attentat leva la tête ; les votes se hérissèrent de dards et se salirent de fange. Là, tous les juges étaient assis sur les ruines des bases morales et sociales. À ce niveau d’une révolution, un prince du sang royal avait brisé son écusson ; il n'avait préséance que d’infamie. Philippe-Égalité parla de devoirs et vota la mort ! Une rumeur se fit entendre, il visait le trône , et la république, cachée sous son manteau, visait sa tête.

Sieyès demanda « la mort sans phrases ! »