Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE.

Cependant les chefs de l’Institution décidèrent de donner à leurs réunions religieuses plus de publicité qu’elles n’en pouvaient avoir tant qu'elles se tenaient renfermées dans l’institution des aveugles et de profiter du décret rendu par la Convention nationale, le 21 février 1795. On sait qu'à cette date la Convention avait décidé, sur la proposition de Boissy-d’Anglas, que les églises étant propriété nationale ne pouvaient être affectées à l’usage exclusif d'aucun culte, mais devaient servir également à tous.

En conséquence, au mois d'avril 1797, c’est-à-dire six mois environ après leur organisation définitive, les théophilanthropes demandèrent à partager avec les catholiques les édifices consacrés au culte; leur demande fut favorablement accueillie par l'administration, et ils eurent, dès-lors, conjointement avec les catholiques, la jouissance d’un certain nombre d'Églises; le nombre fut d'abord de douze et s’éleva peu à peu jusqu’à dix-huit.

Mais si l’autorité civile n’avait élevé aucune espèce de difficulté contre la demande des théophilanthropes, il n’en fut pas de même des catholiques que la décision du gouvernement allait obliger à célébrer leur culte dans les églises souillées, à leurs yeux, par la célébration du culte théophilanthropique.

Bien que le catholicisme eût alors des prétentions plus modestes que celles qu’il avait eues jadis, ou qu’il a eues depuis, il y eut là pour les évêques, les prêtres, les fidèles eux-mêmes un grave sujet de trouble. « (1) Devaient-ils, pouvaient-ils célébrer les mystères, prêcherles vérités de leur religion sainte dans les mèmes lieux où l’impiété venait profaner les uns et combattre les autres ?» Après bien des hésitations on céda à la nécessité du temps, on se décida pour l’affirmative. Le culte catholique et le culte théophilanthropique se célébrèrent dans les mêmes temples; on fesait seulement disparaître les ornements et les emblèmes d’un eulte toutes les fois que l’autre était appelé à officier.

Il n’est pas sans intérêt aujourd’hui de savoir quelles sont les églises de Paris qui ont appartenu pendant quelque temps à la

(1) Grégoire, Histoire des Sectes, tome l,