Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

4 HISTOIRE

ration des diverses Églises, semblable à celie que nous avons vu de nos jours, sous le nom d’Alliance chrétienne universelle. Cependant il n’est pas nécessaire de lire jusqu’au bout le Manuel pour se convaincre, qu’en dépit de certaines réserves, la ThéophiJanthropie prétend constituer une Église. Elle en possède en elfet l'organisme; elle a une doctrine, une morale, un culte; elle prend, comme l’Église chrétienne, l’homme à sa naissance, elle préside aux actes importants de sa vie et l'accompagne jusqu’à la mort. Elle constitue donc véritablement une Église, et de quelque respect qu’elle fasse profession vis-à-vis de toutes les autres, elle ne vise pas moins à les remplacer, en les absorbant.

A peine le Manuel ent-il paru que des réunions publiques, selon le rite théophilanthropique, furent organisées. Elles se tinrent d’abord dans la chapelle attenante à l'institution des aveugles, dirigée par Hauy. On était alors sous le gouvernement Directorial, qui, on le sait, avait établi la liberté et l'égalité des cultes. Non-seulement le Directoire autorisa les réunions du culte théophilanthropique, mais il témoigna même qu'illes voyait avec plaisir. La note suivante, que nous avons trouvée dans le Moniteur du 28 avril 1797 (1), à la première page de cette feuille, ne laisse aueun doute sur les dispositions favorables du gouvernement : « Depuis peu de temps, disait la feuille officielle, il s’est formé dans Paris une société que tous les amis des bonnes mœurs doivent voir avec plaisir, qu’elles que soient les nuances de leurs opinions, c’est la Société des théophilanthropes ou admirateurs de Dieu et amis des hommes...….), le rédacteur de la note s’attacbait à montrer que la société était pure de tout esprit sectaire, que l'on pouvait, en conséquence, en faire partie à quelque communion religieuse que l’on appartint, et il indiquait, en terminant, le jour, l'heure et le lieuordinaire des réunions. C’est, sans doute, ce fait et quelques autres de même nature qui accréditèrent l’idée si répandue encore aujourd'hui, que la Théophilanthropie fat une tentative de l’État, pour substituer un culte national et philosophique au culte catholique.

(VW Moniteur, année 1797, numéro du ?8 avril.