Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

8 HISTOIRE

blique. Outre ces écrits périodiques et le manuel dont nous avons parlé, la société fit aussi paraître l’année Théophilanthropique, publiée par Chemin ; c'était un recueil de discours, de lectures, de pensées morales empruntées à différents auteurs, pour servir au culte public; l'ouvrage complet devait comprendre six années et avoir par conséquent six volumes ; nous n’en n'avons pu connaître que deux et nous ignorons si les autres ont été publiés (1), Chemin affirme dans un ouvrage postérieur que le Manuel et l'année Théophilanthropique se répandirent à un très-grand nombre d'exemplaires, furent traduits dans les principales langues de l’Europe et enrichirent l’éditeur.

Quand aux assemblées du culte Théophilanthropique, elles paraissent avoir été très-nombreuses, au moins au début; l’abbé Grégoire lui-même en convient; il assure, il est vrai, que le plus grand nombre des assistants était attiré par la curiosité et ne participait pas personnellement au culte, mais circulait ou se tenait debout autour des sociétaires. En admettant comme vraie l’assertion de Grégoire, le fait n’est pas moins significatif, surtout si l’ont tient compte de l’esprit de ce temps où les préoccupations politiques l’emportaient de beaucoup sur les préoccupations de l’ordre religieux, où les événements extérieurs offraient à l’intérêt, à la curiosité, un aliment continuel, et si l’on veut réfléchir enfin que les formes de la Théophilanthropie n'avaient guère de quoi piquer vivement la curiosité. Pourquoi ne pas reconnaitre simplement qu’il y avait, à cette époque, bon nombre d'hommes qui avaient rompu avec les dogmes et les formes du catholicisme, et qui cherchèrent, et, un moment, crurent avoir trouvé, dans la Théophilanthropie, la satisfaction de ces besoins religieux, qui peuvent sommeiller, sans doute, au fond de l’âme, mais qui ne s’éteignent et ne meurent jamais.

Il serait intéressant de savoir dans quelle classe de la société se recrutaient principalement les disciples de la Théophilanthropie. Vraisemblablement dans toutes, toutefois celle des instituteurs, professeurs, savants, hommes de lettres, paraît lui avoir

(D Qu'est-ce que la Théophilanthropie? par Chemin.

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