Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

20 HISTOIRE

Château-Thierry, Soissons, Clamecy, Colligny, Poitiers, Chälons, Bourges, Sancerre, Auxerre, Liége, Sens, le Havre, une foule d’autres villes plus ou moins importantes, eurent leur société théophilanthropique; la plupart de ces sociétés ne vécurent pas plus de trois ou quatre ans. A Bordeaux, un ancien prètre appelé Latapy, échoua à fonder une association. L’Yonne était peut-être de. tous les départements celui qui avait le plus repoussé le catholicisme; ce fut aussi celui où la Théophilanthropie eut le plus de succès; elle se répandit jusque dass les plus petites communes de ce département : à Coulange-la-Vineuse, Cravant, Saint-Clément, Griselles-le-Bocage. Dans ces petits villages, la cloche de l’église, muette depuis des années pour la célébration du culte catholique, se réveillait seulement pour inviter les fidèles au service religieux des théophilanthropes. Chose à noter! Dans les communes rurales, la Théophilanthropie aequit une telle influence qu’elle porta ombrage à l’antorité civile. Clochot, commissaire du Directoire à Chablis, écrivait au ministre de l’intérieur (8 pluviôse an VII), «que la religion théophilanthropique était sans doute préférable au eulte catholique, « mais, disait-il, déjà les théophilanthropes ont des ministres revêtus d’un costume, ils ont un culte, » en conséquence, il annonçait au Directoire qu'il avait cru devoir interdire ce culte dans son canton. A plus forte raison, les villes principales de l'Yonne, Auxerre, Sens, fournirent-elles de nombreux adeptes à la nouvelle Église. Les sociétés de ces deux villes ontsurvécu à toutes les autres, mais à Sens, un rite nouveau s'était formé, différent de celui de Paris, et cette sorte de schisme fut, comme nous le verrons bientôt, une des causes du rapide déclin de la Théophilanthropie. A côté de Sens et d'Auxerre, les villes de Châlons-sur-Marne et de Bourges méritent d’être citées par le succès que la Théophilanthropie y obtint; ce succès parait devoir être en grande partie attribué aux hommes qui dirigeaient dans ces villes l’association théophilanthropique; ces hommes étaient à Châlons, Léger, ancien prêtre, professeur d'histoire à l’école centrale de de cette ville, homme considéré pour la pureté deses mœursautant que distingué par son savoir; à Bourges, Trottier;, Heurtaut