Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

36 HISTOIRE

le décadi fut délaissé, les théophilanthropes consentirent à célébrer le culte le dimanche, sans préjudice toutefois du décadi; mais, peu à peu, ce fut le dimanche qui prévalut, et il était seul célébré au moment ou s’éteignit la Théophilanthropie.

Outre les fêtes ordinaires du décadi et du dimanche, les théophilanthropes en célébrèrent de particulières : toutes les fêtes nationales adoptées par la Convention, celles, par exemple, de la Convention elle-même, du Mariage, de la Vieillesse, du Malheur, étaient célébrées par eux ; ils en célébrèrent aussi de particulières pour la mort de Hoche, de Joubert, des plénipotentiaires français assassinés à Rastadt, pour les grands hommes de tous les lieux, de tous les temps, de toutes les églises, pour Socrate, J.-J. Rousseau, Washington, et même pour saint Vincent de Paul. Le 23 janvier 1798, ils célébrèrent dans le temple de la Victoire la fête anniversaire du rétablissement de la religion naturelle.

Cette fête était destinée, dans leur pensée, à symboliser l'union de tous les hommes et de tous les cultes. Cinq bannières étaient portées par cinq pères de famille, sur chacune desquelles se lisait un de ces cinq mots : Religion, Morale, Juifs, Catholiques, Protestants. À un moment donné, le père de famille qui portait la bannière de la religion réunit dans sa main les quatre autres, et, donnant à ceux qui portaient ces bannières le baiser de paix, il prononça ces paroles : « Aw nom de ious les hommes, soit qu’ils professent exlérieurement un culle religieux appuyé de divers dogmes et embelli de différentes cérémonies, soit que, n'exposant aux regards publics aucun signe visible de religion, ils se contentent de donner en gage à la société la simple pratique des DErlus. »

La bannière sur laquelle était écrit le mot de Morale, représentait ceux que nous appellerions aujourd’hui les partisans de la morale indépendante, et les Théophilanthropes avaient voulu témoigner, par cette cérémonie, qu'ils tendaient une main fraternelle, non-seulement aux disciples des religions diverses, mais encore à ceux qui, ne se rattachant à aucune religion positive, ne fondaient pas le devoir sur l’idée de Dieu. Celui qui porlait, dans la cérémonie, la bannière de la morale, était