Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

CHAPITRE V.

Ce qu'a été la Théophilanthropie. — Réaction contre le catholicisme d’une part, contre l'athéisme de l’autre.

-La Théophilanthropie est le produit d’une double réaction : réaction contre le catholicisme d’abord (en cela, la Théophilanthropie est fille légitime du dix-huitième siècle); réaction aussi contre toutes les idées irréligieuses, athées, qui s’étaientaffirmées en France sous la Convention, et qui avaient trouvé leurs organes en des hommes tels que Chaumette, Hébert, Jacob Dupont, Momoro. La réaction contre l’athéisme grossier de ces hommes n’avait pas attendu la Théophilanthropie pour se produire. A vrai dire, en s’affirmant, l’athéisme souleva contre lui une protestation ardente. La plupart des conventionnels furent saisis de ce que l’un d’eux appelle un effroi moral, à la pensée d’un peuple hier croyant, pratiquant, subitement privé de toute loi et de tout culte({}). « Les conventionnels les plus intrépides, les jacobins les plus adacieux, ne virent pas, sans un secret effroi, Gobel et d’autres prêtres abjurer la foi du passé et se ranger sous la bannière de la raison subitement érigée en déesse. La réaction contre ces tendances athées vint d’où on pouvait le moins l’attendre, de Danton, de Desmoulins, de Robespierre. Ceux-ci pensèrent que la révolution se condamnait à l’anarchie, c’est-à dire qu’elle se perdait par le triomphe de telles doctrines.

(1) Quinet, La Révolution française.