Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 49

tout flétri. Il parle de culte risible (1), de sectaires à l'entétement imbécile, de niaise pastorale, de comédie pitoyable qui finit devant des banqueiles vides, d’avortement honteux qui ne fit que démontrer l'impuissance d'une croyance sans dogmes et sans mystères. » Si l’on cherche ce qu'il y à de sérieux sous cet entassement d’accusations passionnées et d’épithètes malséantes, on ne trouve guère que ce reproche adressé à la Théophilanthropie et reproduit sous différentes formes, de n'avoir ni dogmes, ni mystères, de ne pas reposer sur une révélation positive et surnaturelle de Dieu. C’est ce reproche que nous dégagerons de toutes les accusations injustes dont on l'accompagne, et nous aurons à voir jusqu’à quel point il est fondé et dans quelle mesure, s’il l’est, il explique l’échec de notre institution.

Pour Je moment, disons qu'après le jugement porté sur la Théophilanthropie par Chemin, d’un côté, de l’autre par l’abbé Grégoire, M. de Pressensé et autres, la cause nous parait encore à instruire, et qu'il ne peut, à notre sens, qu'y avoir profit, à la distance où nous sommes des événements, à chercher impartialement, sans parti pris d’aucune sorte, la raison de l'essor rapide que prit l'institution et de son déclin plus rapide encore.

Sans doute la Théophilanthropie ne reparaîtra pas, au moins sous la forme qu’elle revêtit il y a quatre-vingts ans: mais les besoins, les aspirations, les répugnances, les résistances dont elle fut l’expression, tout cela subsiste, tout cela fermente au sein de la société, tout cela peut se traduire un jour par des institutions nouvelles, plus ou moins semblables à l'institution Théophilanthropique. Il est donc utile que les lecons du passé éclairent un avenir possible, et que les expériences des générations qui nous ont précédés, ne soient pas perdues pour nous et pour ceux qui viendront après nous.

{1) L'Église et la Révolution française, p. 350 et suiv.

CS