Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

HISTOIRE DE LA THÉOPHILANTHROPIE. b1

Si, à ce moment décisif, ces hommes avaient opposé au catholicisme d’une part, de l’autre à l'athéisme, le protestantisme, qui peut dife qu'elles auraient été les destinées de la révolution et du monde? »

Quelques-uns, paraît-il, Je tentèrent. Baudot, membre éclairé de la Convention, pensa que c'était le moment de tenter un effort en faveur d’une des formes du christianisme émancipé : il s’adressa à l'ex-pasteur Jean Bon Saint-André, membre du Comité de salut publie, et n’en reçut pas une réponse favorable. Il s’adressa alors à d'autres membres de la Convention, ennemis du catholicisme, qui se moquèrent de lui (1). « Ces hommes de fer, que n’effrayait pas la pensée de bouleverser les monarchies, de jeter bas les trônes, tremblaient à la seule idée de toucher à la religion nationale, Les uns, comme Jean Bon Saint-André, aimaient le protestantisme, mais doutaient qu’il convint au peuple; d’autres avaient gardé contre lui, de leur éducation catholique, des préventions, des répugnances, Robespierre, par exemple, qui disait en parlant de Rabaut Saint-Étienne : « Traître comme un protestant et un philosophe qu'il est. »

L'idée de Baudot fut repoussée ; mais Robespierre, en disciple fervent de Rousseau, ne détestait pas moins l’athéisme que la superstition; il croyait impossible qu'une nation athée prospérât ou même durât; et portant sur le terrain religieux cet amour de la correction, de la ligne, qu’il apportait dans le domaine politique, il imagina une sorte de religion politique, un culte social, froid, terne, à la vérité, sans chaleur, sans vie, mais qui, selon lui et selon les siens, devait avoir cet immense avantage de placer la nation française à égale distance de la superstition qui asservit et de l’athéisme qui degrade.

De là, le culte de l’Être suprême imposé à la France par Robespierre! Le 6 avril 1794, deux jours après la mort de Danton, Couthon qui d'ordinaire libellait la volonté du maître, monte à la tribune, flétrit les « prédicateurs d’athéisme, les apôtres fougnenx

(1) Quinet, Wémoires inédites de Baudot,