Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

CHAPITRE IX.

L’éclectisme Théophilanthopique. — Impuissance de cette méthode pour fonder une religion.

Si le fait d’avoir repoussé l’idée même de révélation n’explique pas l'échec de la Théophilanthropie, comment done expliquer cet échec? Quand on étudie dans le Manuel et dans l'Année Théophilanihropique le système des Théophilanthropes, il est impossible de n'être pas frappé de l'absence d’une idée, d’un principe, d’une vérité, qui füt propre à la Théophilanthropie, qui la caractérisät et qui constituât sa raison d’être.

Toutes les grandes institutions religieuses de l'humanité reposent, en définitive, sur une idée qui leur appartient en propre : Le mosaïsme, sur l’unité et l’invisibilité de Dieu, qui existe par lui-même et que rien de sensible ne peut représenter ; le christianisme, sur l’idée de la bonté paternelle de Dieu et de son immanence dans la nature et dans le cœur de l’homme; le protestantisme, qui n’a pourtant pasla prétention d'innover, et prétend revenir simplement au pur christianisme, le protestantisme, dis-je, représente dans le monde le grand principe de la souveraineté de la conscience détrônant celle de l’Église; c’est dans ce principe que réside sa puissance; il n’a au fond pas d’autre raison d’être.

Chacune des formes religieuses du passé a ainsi son principe et par conséquent son esprit : le mosaïsme, un esprit d’adoration austère ct hautement spiritualiste; le christianisme, l'esprit de -