Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

HISTOIRE DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 73 confiance joyeuse en Dieu, d'abandon filial à sa volonté ; le protestantisme, l'esprit d'indépendance spirituelle, de libre communion avec le Très-Haut, sans intermédiaire humain. On cherche en vain une idée qui appartienne en propre à la Théophilanthropie, un principe qu’elle représente. Représenterait-elle par hasard cette idée que l'amour de Dieu et des hommes esi le résumé de la religion? Mais ce principe est bien authentiquement chrétien ; c’est à Jésus-Chris que les Théophilanthropes l’ont emprunté; ce qu'ils n’ont pas pu lui emprunter toutelois, eux qui se sont tenus aussi loin qu’ils l’ont pu de l'Évangile, c’est l'esprit dont ce précepte émane, dont il est l'expression. Dans l'Évangile, en effet, ce précepte sublime : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ion cœur, de toute ton dme, de loute ta pensée et ion prochain comme toi-même», avec le commentaire non moins sublime qui l'accompagne : « Toute la loi et les prophètes (la religion et la morale), se réduisent à ces deux commandements», ce précepte, dis-je, est la plus haute expression et comme le dernier mot du sentiment chrétien ; il sort des entrailles même de l'Évangile qui tend d’un bout à l’autre à nous faire voir et aimer en Dieu notre Père et dans tout homme un enfant de Dieu, et par conséquent notre frère. Dans le Manuel, au contraire, le même principe, mutilé d'une part (tu adoreras, au lieu de tu aimeras), étendu de l’autre (la patrie), mais, en somme, affaibli, amoindri, privé d’ailleurs de l'autorité de l'exemple, se réduit à un précepte froid, que la conscience approuve, sans contredit, et reconnaît obligatoire, mais sans que rien y dispose naturellement le cœur.

La Théophilanthropie ne pouvant revendiquer comme sien le principe de l’amour de Dieu et des hommes, considéré comme étant le résumé de la religion et de la morale, quelle est donc l’idée qui lui appartient? En réalité elle n’en a point. Tout chez elle est emprunté, emprunté de toutes mains et de tous côtés aux philosophies et aux religions les plus diverses. La Théophilanthropie, en effet, est un produit de l’éclectisme appliqué à la religion ; aussi présente-t-elle les avantages et les défauts inhérents à cette méthode. Or, en religion plus que partout, l’éclec-