Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THEOPHILANTHROPIE. 15 de la Grèce. Confucius et Moïse, Pythagore et Jésus-Christ, Théogonis, Phocylide, Cléanthe Jui apportent tour à tour et indistinctement leur tribut. Dans ces emprunts si divers et si larges, une seule préoccupation se trahit : Celle de paraître se rattacher à la grande tradition chrétienne; celle d’être, plus qu’on ne voudrait V'être et surtout le paraître, disciple de Jésus. C'est pour cela que le Manuel cite Confucius plus souvent que Moïse, et Pythagore plus volontiers que Jésus-Christ.

Certes, les Théophilanthropes ont ainsi réuni et mis en lumière un grand nombre de pensées morales, vraies, utiles, dignes d’être tirées de l'oubli et mises à profit par le genre humain. Cest ce dont il faut les louer; c’est ce que nous devons imiter chez eux! Gardons-nous d’être des disciples exclusifs de Jésus! ou plutôt, gardons-nous de croire que pour ètre disciples de Jésus, nous devions repousser tout ce que nous pouvons trouver de bon, de vrai, d’utile dans les traditions des différents peuples! notre droit, au contraire, notre devoir, c’est de nous approprier le plus de richesses spirituelles que nous pouvons; c’est de chercher tout ce qui, dans les traditions anciennes, est conforme à l'esprit chrétien pour nous l’assimiler. Mais en cela, c’est l'esprit chrétien lui-même qui doit nous servir de règle et de guide ; c’est lui qui doit naturellement s'approprier tout ce qui lui est assimilable, pour en former un tout dont l'esprit même de JésusChrist soit le centre et le lien.

Quant aux Théophilanthropes, avec leur prétention de ne se rattacher de préférence à aucune tradition, et de ne faire que réunir les vérités disséminées chez tous les peuples, ils n’ont fait, en réalité, qu'un assemblage d'idées sans plan, sans lien, sans esprit et sans vie. Leur œuvre ressemble à une pièce de marqueterie ; ils ont eu beau coudre ensemble des lambeaux détachés de toutes les morales et de tous les systèmes, ces lambaux réunis ne constituent pas plus une religion, qu'un assemblage de membres humains artificiellement réunis ne formerait un corps vivant.

D'ailleurs, il est une chose qu'ils n’ont pu emprunter aux systèmes qu'ils ont mis à prolit, et c'est précisément celle qui im-