Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

7% HISTOIRE

tisme est impuissant à fonder rien de grand, de vivant, de durable. La religion, en effet, est œuvre d'inspiration, c’est-à-dire de spontanéité et d'enthousiasme. Elle est un fruit de l'inspiration ; elle doit être coulée d’un seul jet, si j'ose ainsi dire ! la réflexion, l'analyse, l’érudition n’y ont que faire; elle est une intuition rapide et lumineuse, une aperception simple et profonde de l’âme. Moïse, les Prophètes, Jésus lui-même n'étaient rien moins que des érudits, des savants; savants, érudits, ils auraient été moins puissants et n'auraient pas fondé la religion parfaite, la religion définitive de l'humanité !

Au reste, les Théophilanthropes conviennent volontiers du défaut d'originalité de leur système. Peu s’en faut qu’ils ne s’en glorifient. Ils donnent leur religion pour la religion universelle, la religion du genre humain; non pas dans ce sens qu’ils la croient appelée à conquérir un jour l'humanité, mais plutôt dans ce sens qu’elle ne fait que résumer, à leurs yeux, ce qui est au fond de tous les dogmes, de toutes les morales, de tous les cultes. « Les Théophilanthropes, disait Chemin, ne sont pas les disciples de tel ou tel homme; ils font leur profit des préceptes de sagesse qui leur ont été transmis par les écrivains de tous les temps et de tous les siècles. Nous avons fait de leurs ouvrages des extraits dégagés de tout ce qui ne convenait pas à une institution qui ne discute aucun système et dont la morale est aussi éloignée de la sévérité du stoïcisme que du relâchement de l’épicuréisme. Ce sont ces extraits, qui tous ont été approuvés par le Comité de direction morale, que nous présentons sous le titre d’Année religieuse (1). »

Rien de plus vrai que cette déclaration du fondateur de Ja Théophilanthropie. Après avoir emprunté, en effet, à l'Évangile sa maxime fondamentale : « Aime Dieu, aime ton prochain », (qu’elle complète par ce précepte : rends-toi utile à ta patrie!) la Théophilanthropie s’en va recherchant partout, dans toutes les religions, tout ce qui est en harmonie avec ce principe général. Elle emprunte aux sages de l’Inde comme à ceux de la Judée ou

1) Introd, à l'année Théophilanthropique