Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
HISTOIRE DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 91 et sagesse. Çà et là on trouve quelque aperçu ingénieux, quelque fine remarque, quelque observation morale profonde, devant laquelle le penseur s'arrête et dont il fait son profit ; mais la plupart de ces dissertations sont marquées au coin de cette sagesse moyenne et un peu terre-à-terre, qui échappe également, par la banalité, à la critique et à l'éloge.
Qu'il nous soit cependant permis de signaler ici une grave lacune. Qu'un moraliste se tienne de préférence sur le terrain pratique, qu’il évite avec soin les questions abstraites et générales qui confinent à la métaphysique, c’est son droit. Il est pourtant un certain nombre de questions générales qui intéressent la morale au point qu'on ne saurait se dispenser de les aborder et de les résoudre, ou dans un sens ou dans un autre. En effet, dela solution de ces questions dépend directement le caractère même de la morale, la direction, la physionomie, dirai-je, du système tout entier. Telle est, par exemple, la question de l'état moral de l’homme : la nature humaine est-elle bonne en elle-même, comme l’a soutenu Rousseau, et le mal vient-il de la société? Est-elle au contraire mauvaise, corrompue, et, dans ce cas, cOmment s’est-elle corrompue? d’où est venue cette dépravation? Constitue-t-elle enfin un mélange de bien et de mal, de tendances élevées et de tendances inférieures? Comment a débuté sur la terre l'humanité? A-t-elle débuté par un état moral supérieur à celui dans lequel nous sommes? Y a-t-il une chute à notre origine? le bien est-il devant nous, ou derrière? On voit tout de suite l'importance morale de ces questions. Sans doute, quelle que soit la solution qu’on leur donne, les devoirs particuliers n’en seront pas modifiés; non! mais c’est l'ensemble même, c'est le caractère général de la morale, qui sera directement affecté par cette solution ; elle déterminera le jour sous lequel on verra la vie lrumaine, et par conséquent les dispositions ou douces et sereines, ou tristes qu'on ÿ apportera.
Or,ces questions, la Théophilanthropie ne les aborde pas et n’a pas même l’air de les soupçonner. Nous nous attendions à trouver quelque part, par exemple dans le formulaire de la cérémonie Théophilanthropique qui correspond au baptême chrétien, quelque