Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. ya

Nous avons observé, à propos du déisme, que ce système religieux séparant Dieu de l’homme, avait pour conséquence d’abaisser la morale. La morale Théophilanthropique en est Ja preuve : le but qu’elle propose à l’homme n’est pas la sainteté divine, la perfection, c’est la sagesse, une sagesse qui consiste à se tenir à égale distance des extrêmes, quelque chose qui ressemble beaucoup à la vertu d'Horace « quæ stat in medio; » sagesse vulgaire, avisée, égoïste! Aussi trouvons-nous dans l'Année religieuse des Théophilanthropes, des pensées morales comme celle-ci : « La vertu est le plus sùr moyen de conquérir les cœurs, de parvenir à la considération, d'acquérir de la supériorité, d'exercer sur les autres un pouvoir qu'ils approuvent.

Sur la modération, cette pensée qui semble une traduction de la pensée d’'Horace : «Crains en tout les extrêmes! En toute chose, la beauté résulte de l'harmonie des proportions. » Et encore : « Eu tout, évite l'excès qui est toujours nuisible. Mange, bois, parle avec mesure. » Et cette maxime, avec laquelle on pourrait justifier les faiblesses les plus honteuses et les plus lâches compromis : « Apprends à te conformer aux circonstances et ne va jamais contre le vent. » Certes, nous sommes loin de dire que toute la morale Théophilanthropique soit inspirée de cet esprit de calcul égoïste, de prudence intéressée qui respire dans les pensées que je viens de citer. A côté de ces pensées on en trouverait d’autres, et en bien plus grand nombre, qui sont belles, nobles et élevées; il n’est pas moins vrai que l’esprit général de la morale Théophilanthropique (si tant est encore une fois qu'il y ait une morale Théophilanthropique) est plutôt un esprit de sagesse prudente et avisée, que cet esprit de dévouement absolu au bien, de fidélité inflexible au devoir, d'aspiration ardente à la perfection qui anime la morale chrétienne, et que l'Évangile inspire à quiconque lui ouvre son cœur.

(1) 2° Année Théophil., pages 21, 74, 77, ete.