Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

CHAPITRE XI.

La Théophilanthropie et la tradition.

Supposons un moment que la Tréophilanthropie n’eût pas présenté les lacunes si graves que nous venons de signaler, est-il probable qu’elle eût duré? Nous ne le pensons pas, et cela parce qu’elle n’était pas dans les conditions historiques qui permettent aux institutions de vivre.

Nous ne voulons pas dire que la Théophilanthropie était venue trop tôt, que ses doctrines trop philosophiques, trop rationnelles pour le temps, n'avaient pas chance d’être comprises; non, ce que nous voulons dire, c’est qu'une grande institution, et surtout une institution religieuse, ne s’improvise pas; qu’elle n’est pas facile à créer en un jour et de toutes pièces; que, pour durer, elle doit avoir ses racines dans le passé, s’y rattacher, sv appuyer, le contenir en le prolongeant. Ce que nous voulons dire, c'est que commencer par faire table rase du passé, sous prétexte de bâtir un édifice entièrement nouveau, c'est bâtir sur le sable, c’est élever un édifice qui, ne s'appuyant sur rien, ne tiendra absolument à rien. Cela est vrai de toute institution, plus vrai encore des institutions religieuses.

Remarquez, en effet, ce que c’est qu'une Église, ce qu’elle représente. Elle ne représente pas seulement un ensemble d'idées, de croyances et de pratiques déterminées, mais aussi une tradition sainte et vivante de vertu, de pureté, de fidélité au devoir,