Histoire des deux conspirations du général Malet

DE LA SECONDE ÉDITION IX

Ceux qui liront cette histoire penseront sans doute comme moi, d’après le témoignage si désintéressé de Poilpré, d’après la déposition du général Guillaume, d’après des fragments de lettres de madame de Malet, que j’ai cités dansle corps du livre, et d’après certaines lettres mêmes du général, qu’il a été entraîné dans la conspiration de 1808 plutôt qu’il ne l’a formée lui-même.

Ils se convaincront surtout que, sous les verroux, Malet montra au début une âme moins stoique que ne le firent Demaillot et Rigomer Bazin, qui seuls de tous les conjurés de 1808 n’ont pas réclamé leur liberté du tyran qu'ils avaient juré d’abattre.

Est-ce que maintenant j’ai cherché à diminuer en quoique ce soit la gloire du général Malet? C’est là une accusation dont tout lecteur impartial fera bonne justice. D'ailleurs le général Malet en est-il moins grand dans son rôle, surtout dès qu’il est entré dans l’action, comme la dit avec tant de justesse mon savant confrère, M. Asseline, dans la France républicaine.

Quoiqu’en pense mon très-impartial et très-modeste critique de la République française, qui a bien voulu me couvrir de fleurs et de bandelettes en me sacrifiant sur l'autel de Rousselin de Corbeau de Saint-Albin, je me suis toujours efforcé de ne pas rabaisser l’histoire à une question de coterie ou à des intérêts de parti. Ce qui n'empêche nullement l'historien de témoigner ses préférences.

Je dis même qu’il est impossible qu'il en soit autrement ; et je remarque que ce sont en général les plus exclusifs qui crient le plus, du moment où lon n’est pas porté pour leurs personnages de prédilection.