Histoire des deux conspirations du général Malet

228 HISTOIRE DES DEUX CONSPLRATIONS

Les mainsdelarchi-chancelier Cambacérès étaient bien débiles pour supporter le lourd fardeau du pouvoir. Mais qui jamais se serait douté qu’un audacieux osât entrer en révolte ouverte contre ce gouvernement de l’empereur, devant lequel tremblaient, presque tous les princes de l'Europe?

S’il faut s’en rapporter aux chroniqueurs de l’époque, Cambacérès fut saisi d’une épouvante mortelle lorsqu’à son lever il apprit par Réal ce qui se passait. Le souvenir des jours sombres de la Révolution apparut tout à coup à sa pensée. Les courtisans accourus autour de lui partagèrent son effroi. Qu’allaient devenir leurs richesses, leurs titres, leurs honneurs si mal acquis, prix honteux de toutes les bassesses et de toutes les servilités?

L’archi-chancelier était effaré au-delà de toute expression; il n'avait pas le tempérament d’un héros. Au premier abord, il crut au succès de la conspiration. Cependant il garda assez bien son sang-froid, et trouva même un mot plaisant : « Va, dit-il à son huissier introducteur, chercher mon barbier. Qu’il vienne me faire la barbe. Ma tête ne sera peut-être plus sur mes épaules ce soir, mais n'importe! On la trouvera du moins en bon état. »

La nouvelle de l’arrestation du général Malet vint calmer ces alarmes. On sentait bien que, privée de