Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 239

La mode n’est pas nouvelle, on le voit, de qualifier de brigands ou de scélérats ceux qui rêvent pour leur pays le retour de la justice et de la liberté proscrites. Vainqueurs, Malet, Lahorie et Guidal eussent été des héros, des sauveurs ; vaincus, on les traïtait de brigands. C’est dans l’ordre. Seulement, la postérité a rétabli l'équilibre et remis toutes choses en place. Les brigands, ce sont les assassins de Malet, de Lahorie et de Guidal, tandis que les noms de ceux-ci resteront éternellement honorés, et brilleront toujours parmi ceux des vengeurs de la liberté. Dès le premier jour, du reste, Popinion se montra toute favorable à Malet, comme nous létablirons péremptoirement. Les Parisiens se vengèrent par des brocards de l’insuccès de la conspiration. «est égal, disait-on, Savary et Pasquier ont fait un fameux tour de force. »

Sous leur apparente tranquillité, les membres du gouvernement n’étaient nullement rassurés. Ils avaient eu peur, ils devaient se montrer féroces. Trois ex-généraux, avaient-ils dit dans leur proclamation, avaient trompé quelques gardes nationales. Ils reconnaissaient donc qu’en réalité il n’y avait

_eu que trois coupables, et ils allaient livrer à une commission meurtrière vingt-quatre accusés, dont