Histoire des deux conspirations du général Malet

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moindre remords de conscience, allaient vouer à la mort une douzaine d’innocents.

Le procès — si l’on peut appeler procès une parodie sans nom — commença le 27 octobre, dès sept heures du matin, c'est-à-dire trois jours seulement après la tentative avortée de Malet. On ne se plaindra pas du moins que la justice militaire ait laissé languir les prévenus en prison.

On pouvait croire que l’ancienne affaire de 1808, étouffée avec tant de soin, allait apparaître dans ces débats; il n’en fut rien. On eût craint d’apprendre au monde qu'il y avait encore au fond de cette France, si honteusement asservie, des cœurs généreux où brûlait la flamme de la liberté, et, dans lentourage même du gouvernement, certains dignitaires que le dégoût de la tyrannie avait envahis et quiv’attendaient qu’une occasion propice pour échapper au régime avilissant dont ils avaient cependant accepté les faveurs. Aussi, au général Lahorie, qui réclamait des pièces où se trouvait la justification d'un fait antérieur mis à sa charge par le conseiller d’État Réal, le président Dejean répondit que la commission n’insisterait que sur le fait actuel.

Dans le cours des débats dérisoires auxquels donna lieu affaire du 23 octobre, Malet ne démenit pas an seul instant son caractère admirable. Sous