Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 241

une forme toujours polie, il sut flétrir les juges dont la basse complaisance allait se traduire par quatorze arrêts de mort. L’abbé Lafon a dit avec raison que si toute sa conduite n'avait pas été un prodige de courage, de présence d’esprit et de générosité, ses réponses seules suffiraient pour ’immortaliser.

Interrogé le premier, Malet revendiqua pour lui tout seul la responsabilité de la conspiration. Il commença par affirmer hautement que les officiers assis avec lui sur le banc de Paceusation étaient absoluments innocents. Il disait vrai, et les juges le savaient bien; mais la fameuse raison d’État ne pouvait se contenter d’une victime.

-— Alors, quels sont donc vos complices? lui dit le président Dejean. |

— La France entière; vous-même, monsieur, si j'avais réussi, riposta Malet.

Il était impossible de faire une réponse plus juste. Le comte Dejean ne trouva pas an mot à répliquer.

Lahorie eut une attitude non moins ferme et non moins digne. Il déclara qu’il avait cru de bonne foi, sans réfléchir, aux paroles de Malet, et s’il faisait cette déclaration, ce n’était point pour sauver ses jours, il savait que sa tête était dévouée : c’était uniquement pour rendre hommage à la vérité. Il avait cru à l’existence du sénatus-consulte: il avait cru à

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