Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 257

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allait faire des cadavres: « Jeunes gens, souvenezvous du 23 octobre. »

« Citoyens, s’écria-t-il encore, en passant devant l’École militaire, je tombe, mais je ne suis pas le dernier des Romains. »

Il avait raison, car de sa cendre sont nés une foule de citoyens éprouvés, prêts, comme lui, à mourir pour la grande cause de la démocratie et de Phumanité. Le sang des républicains est une rosée féconde; pour un qui meurt sous les balles ou sous le couteau de la tyrannie, il en naît cent. Ne plaignons done pas trop nos martyrs, mais honorons leur mémoire, et ne perdons jamais l’occasion de citer leur conduite en exemple à nos enfants.

Une foule immense garnissait les abords de la plaine de Grenelle. Quelques curieux étaient accourus là, indifférents, pour chercher une émotion malsaine dans ce tragique spectacle de la mort, et voir l'attitude des victimes à leurs derniers instants; mais le plus grand nombre semblaït n’être venu que pour rendre hommage aux condamnés et saluer en eux les martyrs de la plus sainte des causes. « Chapeaux bas! chapeaux bas ! » cria-t-on à leurarrivée, et tous les fronts se découvrirent.

La plaine était occupée par une force militaire

imposante. Les troupes formaient un vaste carré 14