Histoire des deux conspirations du général Malet

258 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

dont un côté était resté vide. Au centre de ce carré se tenaient les pelotons chargés d’exécuter la sentence de la commission militaire.

Comme de coutume, les tambours battirent aux champs quand les condamnés, en descendant de voiture, se rendirent à la place où ils devaient être immolés ; ainsi, dans les temps barbares, on préludait, au son des instruments, aux sacrifices humains. Les condamnés avaient la tête nue et marchaient d’un pas ferme, sachant qu'ils allaient à la gloire en même temps qu'au supplice. Malet, qui les avait conduits à la mort, leur adressa quelques paroles d'encouragement, leur rappela la grandeur et la sainteté de la cause pour laquelle ils allaient mourir.

On les adossa tous le long du mur d’enceinte du boulevard extérieur de l'École militaire. Malet était au milieu de ses malheureux compagnons, ayant à ses côtés Lahorie et Guidal. Quatre heures venaient de sonner à l’horloge de l’École. Le capitaine rapporteur Delon s’approcha et donna aux condamnés lecture du jugement de la commission militaire. « Misérable, lui dit Guidal, tu sais bien que les trois quarts des gens que tu as fait condamner sont innocents. » Aussi l’histoire doit-elle restituer à ces sortes de condamnations le nom d’assassinat, le seul qui leur convienne.