Histoire des deux conspirations du général Malet

266 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

Là, du reste, se bornèrent les menaces dont fut troublé le repos du poëte de la Harseillaise. La caution de son préfet le sauva de l’arrestation dont il était menacé.

Et il dut s’estimer heureux, car tout portait ombrage au gouvernement impérial, affolé par Péchauffourée du 23 octobre. Un jour, un individu vint raconter qu'un homme d’une quarantaine d'années s'était présenté, Le jour de l’exécution de Malet et de ses compagnons, chez une vieille marchande du cloître Saint-Germain-lAuxerrois, tenant commerce de vêtements militaires, d’épaulettes et de dragonnes, et qu'il lui avait dit : « Le coup a été manqué; mais sous peu on ne le manquera pas. »

Il n’en fallut pas davantage pour mettre en émoi toute l'administration. L'idée vint même au ministre de la guerre Clarke, duc de Feltre, de faire saisir tous les habits d'officiers supérieurs qui se trouvaient chez les frippiers de Paris. On lui représenta qu'il était assez difficile d'exécuter une pareille mesure sans payer au préalable le prix de tous ces habits. Ce qui n'aurait pas laissé de coûter gros pour un bien mince résultat. On se contenta alors d'exiger des marchands qu’ils livrassent à la police les noms de toutes les personnes auxquelles ils vendraient des effets militaires.