Histoire des deux conspirations du général Malet

CONSPIRATIONS DU GÉNÉRAL MALET 21

on n’a point songé à tout cela! » On n’y avait point songé en effet, parce que tout cela ne valait pas la peine qu’on y songeât.

On à prétendu, et M. Thiers tout le premier, que, plus juste envers Malet et ses compagnons que ceux qui les avaient immolés, Napoléon avait vivement blâmé le zèle sanglant de ses valets. On a même assuré que ses premières paroles à Cambacérès, lors de son retour de Russie, avaient été celles-ci: « Qui vous à permis de fusiller mes officiers? À quoi bon ce sang répandu?» Ce sont là pures fantaisies de narrateurs grisés par leur adoration maladive pour l’homme fatal de Brumaire: il est du devoir de l’historien sévère d’en faire bonne justice.

L'empereur se souciait si peu du sang innocent versé dans la plaine de Grenelle — et que lui importaient douze malheureuses victimes, à lui qui en avait tant de milliers sur la conscience! — il se souciait si peu du sang innocent répandu par une commission d’assassins, que le 7 novembre il écrivait, de Michalewka, à son cousin larchi-chancelier, pour lui marquer toute sa satisfaction de la conduite qu’il avait tenue dans l'affaire du 23 octobre. Et quelques jours plus tard il écrivait de Smolensk: « Je nai pas bien compris encore les motifs du

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