Histoire des deux conspirations du général Malet

276 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

mais la France, coupable de s’être abandonnée ellemême, n’avait pas encore épuisé le calice amer. L'auteur de tant de désastres, au lieu d’avouer ses fautes et d’en demander pardon, allait le prendre de très-haut avec « ses peuples, » comme il disait, et donner des leçons, lui qui en méritait.

Dès le lendemain, son Sénat parut devant lui, aux Tuileries, plus vil, plus bas, plus rampant que jamais. Le président de ce corps avili, Lacépède, savant illustre, dont la science était dépassée par un effroyable esprit de servilisme, harangua le maître en des termes où la flatterie allait au-delà de toutes les bornes.

L'empereur, pour donner le change au pays et le distraire de l'expédition lamentable de Russie, avait jugé à propos de donner de vastes proportions à l'affaire Malet et de l’évoquer devant lui.

Obéissant à un mot d'ordre, auquel tous les hauts fonctionnaires durent se conformer, Lacépède ne manqua pas de faire allusion à Malet et àses amis, «à ces hommes échappés des prisons où, dit-il, votre clémence impériale les avait soustraits à la mort méritée par leurs crimes passés. » Il y avait là, de la part de Lacépède, un double mensonge, une lâcheté et une infamie. Malet, Guidal et Lahorie, v’ayant jamais été jugés avant l'affaire du 23 oc-