Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 277

tobre, n’avaient pu être retenus en prison qu’en vertu de l’épouvantable arbitraire sous lequel ployaït le pays; et quantà leurs neuf malheureux compagnons d’infortune, Lacépède auraït bien dû nous dire de quelle façon s’était exercée à leur égard la clémence impériale. Mais c’était ce dont s’embarrassaïit fort peu l’honnête président du Sénat.

Il parla — nouveau mensonge — de l'amour de la France pour la quatrième dynastie, et, rappelant d'anciens usages de la monarchie, il exprima le vœu de voir les Français de tous les rangs se lier d’avance par un serment solennel à l’héritier du trône. C'était pour réparer l'oubli de cet héritier dans laffaire Malet. Puis, après s'être lamenté sur les mesures extrêmes dont s'était servi le peuple russe

pour repousser l'invasion, — affreuses ressources des gouvernements despotiques, dit-il, par une sanglante ironie, j'imagine, — il pria sa Majesté

impériale et royale d’agréer le tribut de la reconnaissance, de l'amour et de l’inviolable fidélité du Sénat et du peuple français.

À cette lâche phraséologie, l’empereur répondit comme un maître pouvait répondre à des valets. Son premier souci, ce n’était pas de réparer les désastres que sa folie avait attirés sur la France, d’apaiser les douleurs des mères dont les fils venaient