Histoire des deux conspirations du général Malet
40 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS citoyens persécutés par le pouvoir. Le temps était loin où les représentants du pays pouvaient arrêter les empiètements du pouvoir exécutif, et lui dire : Tu n’iras pas plus loin! La représentation nationale n’était plus qu'une fiction, une dérision amère.
Rigomer Bazin était jeune encore, et il pouvait montrer avec orgueil les blessures qu’il avait recues au service de la liberté. Volontaire en 1792, il avait été blessé l’un des premiers sur Le champ de bataille, et depuis il avait voué à la République un attachement sans bornes. Après Thermidor, il s'était retiré au Mans, où il était né, et y avait fondé un journal pourcombattrelasanglante réaction thermidorienne, dont les persécutions ne lui furent pas épargnées. Ses presses ayant été saisies, il était venu à Paris, et y avait publié un journal sous ce titre : le Démocrate, qui ne tarda pas à être supprimé par le Directoire. Vers la fin du consulat il avait énergiquement protesté, par une pétition au Tribunat, contre les arrestations arbitraire et les actesillégaux du gouverment consulaires, qui, à quelques mois de là, allait se transformer en empire. Sa voix se perdit dans le désert.
Pour se consoler des tristesses du despotisme, il avait écrit un recueil de lettres philosophiques. Mais il saisit avec empressement l’occasion qui semblait