Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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la possibilité vague d’une méfiance où d’un soupçon, il subit l'hostilité populaire, la spoliation, l'exil ou pis encore, si légale que soit sa conduite, si loyal que soit son cœur, si désarmée et inoffensive que soit sa personne, quel qu'il soit, noble, bourgeois ou paysan, vieux prêtre ou vieille femme.'» Ceci avant toute guerre, alors. qu'officiellement il y a un gouvernement, Que sera-ce lorsque le péril deviendra manifeste, que la guerre civile s’'ajoutera à l’envahissement du pays, que le roi sera renversé et la terreur partout ?

Il est impossible done de se réunir, d’avoir des séances de presbytère, de commission synodale, des colloques qui éveilleraient tous les soupcons et toutes les défiances.

La vie se réduit à peu près à ce qu'on estime le strict nécessaire, à ce minimum de témoignage publie qui, à la rigueur, suffit à l’apaisement des consciences.

À ce premier affaiblissement causé par le manque de relations et l'isolement forcé s’en ajoute un autre. Les pasteurs font défaut dès

les premiers jours de la Révolution : ils n’é-

1 Taine, Révolution, L, 455