Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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rence d'opinion n’est pas un crime. La tolérance, je demande qu'il soit proscrit à son tour, et il le sera, ce mot injuste qui ne nous présente que comme des citoyens dignes de pitié, comme des coupables auxquels on pardonne ! L'erreur n'est point un crime : celui qui la professe la prend pour la vérité; elle est la vérité pour lui, et il est obligé de la professer, et nul homme, nulle société n’a le droit de le lui défendre. Je demande donc pour les protestants français, pour tous les noncatholiques du royaume ce que vous demandez pour vous, la liberté, l'égalité des droits. »

Pour marquer jusqu'où va l’expression d’une pensée aussi nouvelle, il ajoute en visant le monde israëlite qui avait encore ses ghettos, et que la loi refusait de reconnaitre.

« Je le demande pour ce peuple arraché de l'Asie, toujours errant, toujours proscrit, toujours persécuté depuis près de dix-huit siècles, qui prendrait nos mœurs et nos usages si par nos lois il était incorporé avec nous, et auquel nous ne devons point reprocher sa morale, parce qu’elle est le fruit de notre barbarie et de l'humiliation à laquelle nous l’avons injustement condamné. »