Histoire du protestantisme français pendant la Révolution et l'Empire

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Relevons encore la concurrence faite un certain temps au protestantisme par la secte des théophilanthropes, qui s'organise au commencement de 1797. Quiconque croit en Dieu, à l’immortalité de l’âme, à la fraternité, à l'humanité, peut en faire partie. On est purement déiste. On a une morale très large, solidement basée sur cette proposition : « le bien est tout ce qui tend à conserver l’homme ou à le perfectionner ». On a des temples enfin, sans faste, ornés de fleurs et de fruits, avec un cérémonial bien réglé. Des orateurs qui peuvent revêtir un costume bleu avec une ceinture rose, cherchent à élever l'âme par la description des beautés de la nature ou par des enseignements tirés de la vie et des écrits d'un Socrate, d’un Vincent de Paul, d’un Rousseau ou d’un Washington. Ceci entremélé de chants, de silences destinés au recueillement, à la méditation et à l'examen de conscience, et le tout, parait-il, d’une sobriété élégante et artistique !.

Hélas, le protestantisme avait si peu de sève que pareil voisinage pouvait bien l’inquié-

ter. Il ne devait pas y avoir très grande diffé-

1 Cf. Aulard, op. cit., p. 150.